11 février, 2018

La phobie sociale !


Je m'entretenais hier avec un confrère de thérapie. Je crois que personne ne croit moins que moi à l'idée de thérapie alors que c'est mon métier. Dans la plupart des cas, ce que l'on nomme thérapie n'est que le désir de ressembler à la personne que l'on a choisie, le psy, afin qu'il nous éclaire sur la manière de mener notre route en triomphant des obstacles. C'est en tout cas ce que j'ai fait en mon jeune temps. A l'heure ou les process envahissent tout, je suis toujours amusé par la volonté nord-américaine de standardiser les thérapies. 

Aujourd'hui je dois constater que parfois il m'aura fallu une séance pour changer la vie d'une personne, alors même que dans certains cas je ne sais vraimant pas ce que j'ai pu dire de génial. Alors qu'à l'inverse, je reçois des gens qui n'ont rien au sens psychopathologique, mais qui apprécient simplement d'avoir une fois par semaine ou toutes les deux semaines, un espace où ils peuvent discuter sans fard ni masque. 

En revanche, je crois que les thérapies ont toutes leur place pour le traitement des phobies. J'adore les phobies ! Non que je me repaisse de leur souffrance bien entendu, je n'ai rien d'un monstre. Mais simplement qu'il m'amuse d’apparaitre comme un magicien alors que traiter une phobie relève à mon sens d'un process total, même si l'alliance thérapeutique est nécessaire.

En revanche, et j'étais d'accord avec mon jeune confrère, s'il est une phobie qui résiste, c'est bien la fameuse phobie sociale. Je crois, tout comme lui, que la phobie sociale n'est qu'un fourre-tout, dans lequel vont coexister des individus atteints de troubles sévères comme de simples grands timides, des hyper-émotifs, voire des gens maladroits.

Quand on m'adresse un patient pour "phobie sociale", je reste toujours sur mes gardes. Parce qu'avoir peur du contact avec les autres relève d'un processus multi factoriel. Les cas les plus simples sont les gens complexés. Réduire un complexe d'infériorité ce n'est pas si compliqué que cela. Après tout Cyrano dans la célèbre tirade du nez, nous en donne un bon exemple. J'ai un grand nez et je vous emmerde, voilà à quoi cela pourrait se résoudre.

Viennent ensuite les gros cons et vous me pardonnerez cette vilaine manière de catégoriser certaines personnes. Mais vous admettrez, parce qu'on en a tous connu, qu'être hautain, méprisant ou désagréable ne peut que susciter le rejet. Quand on fait de la merde, on en ramasse en retour : qui sème le vent ramasse la tempête. C'est aussi simple que cela. Là, on serait plutôt dans l'affirmation de soi. 

C'est ensuite que cela se complique. Parce qu'entre les personnalités pathologiques, les syndromes résiduels de schizophrénie ou les schizophrènes, nombreux sont les individus pour qui l'échange avec autrui devient une torture. Là, j'interviens au cas par cas. C'était un juene homme atrocement timide. Une fois que j'ai pu nouer une vraie relation thérapeutique, je lui ai dit que jamais je ne le débarrasserai vraiment de cette timidité mais qu'en revanche, je pouvais lui apprendre à ne pas avoir peur des gens en leur expliquant simplement combien il était timide. Et effectivement, quatre vint pour cent des gens étant bienveillants il a constaté que ceux ci se mettaient au diapason.

C'est aujourd’hui quelqu'un que je connais très bien et que j'ai pu voir dans un cadre privé. On a des échanges tout à fait agréables et normaux. Et les gens le trouvent charmants. Parfois il me dit qu'il est bizarre et je le rassure qu'avec ma profession, la bizarrerie est ma norme.

Une autre fois, c'est un type brillant ayant un statut professionnel envié qui m'a avoué que dans certaines situations, si je n'étais pas là, à coté de lui, il n'oserait pas parler aux gens. J'étais étonné dans la mesure où je l'ai vu discuter avec brio avec tout un tas de personnes. Mais, effectivement, sa sensibilité est telle qu'elle confine à l'hyper-émotivité. J'avoue sans complexe ma grande sensibilité ; j'en ai fait un métier. Mais à coté de lui, j'ai l'impression d'être un tractopelle à côté d'un biscuit de Sèvres. Rien dans sa vie n'explique qu'il soit ainsi. Il l'est. C'est tout. C'est étonnant qu'il soit venu consulter quelqu'un qui puisse être aussi "cash" que moi dans ses propos. Sans doute, son hyper sensibilité lui a t elle fait distinguer quelque chose qui lui convenait derrière mes rodomontades. 

Bref, une fois qu'on a dit que la phobie sociale ou anxiét sociale était due à une mauvaise évaluation des situations sociales qui font naitre une peur injustifiée, on n'a rien dit. Faut aller plus loin et soulever le capot.

Bref autant je doute parfois du bienfondé des thérapies autant je suis persuadé que la phobie sociale est un gros fourre-tout et une vaste arnaque. Si on vous colle ce diagnostique à l'emporte-pièce demandez pourquoi et approfondissez. Et si vous êtes un jeune confrère qui me lit, méfiez vous si on vous en adresse un !

6 Comments:

Blogger Unknown said...

bonjour,
concernant les THQI dilettantes que tu appelles "dandy" et qui justifie leur flemme/flegme so british, sous un raisonnement pseudo rationnel, permets-moi ce désaccord : ce sont juste de gros flemmards qui profitent au mieux de la société en donnant le moins possible et en soutirant le plus possible , qui deviennent avec l'âge tantôt cyniques, tantôt d'un commerce ennuyeux. Le moment venu, il sauront "utiliser" au mieux ce monde médiocre s'ils sont dans une mauvaise passe, comme un problème de santé urgent, où un minus intello et engagé, LUI, viendra à 3 h du mat pour leur petit bobo.

OK je respecte ça, c'est une stratégie de survie valable comme une autre, plutôt reposante, permettant de se créer un petit cocon douillet (et moi, et moi, et moi...) et dans un monde sans spiritualité (au sens noble, non religieux ni idéologique) je comprends ce désabusement.

Etant comme toi un HQI de base à 120-130 (enfin je crois), donc un imbécile comparé à eux, et en rien ne pouvant planer à ces altitudes de la pensée, je me suis engagé dans cette société comme soignant, médecin le plus de base possible (MG dans le neuf-trois, CMU AME et INVAL ALD30 tiers payant maximum dans ce coin, si tu vois encore de quoi je parle), vis passionnément, tire un plaisir immense de ma pratique, reçois des témoignage de gratitude tous les jours, essentiellement par des non français qui savent encore dirent merci, ce qui alimente mon EGO SURDIMENSIONNé en une folle énergie de joie.

bien confraternellement

Les gens qui vivent sont les gens qui luttent V. HUGO, tu peux leurs dire...

14/2/18 9:10 AM  
Blogger KevinM said...

Je viens de lire la tirade du nez pour la première fois de ma vie excellent :D
sinon un peu HS mais j'avais recu le livre"Petit guide à l'usage des gens intelligents qui ne se trouvent pas très doués" et du coup je me demandais si vous le connaissez et ce que ça vaut
après tout d'après le titre c'est fais pour les personnes se rabaissant mais perso je ne me rabaisse pas et je ne manque pas de confiance en moi à ce que je sache

14/2/18 10:24 AM  
Blogger philippe psy said...

J'ai du le lire, le titre me dit quelque chose :)
J'avoue ne plus rien lire sur le sujet tellement cette littérature m'emmerde ! Il faut se contenter de vivre. Au pire tu passes un test de QI et tu vois. Sinon, tu vis.

26/2/18 8:25 PM  
Blogger philippe psy said...

Pour René :

Mon cher René, puisqu'on se dit "tut"; je te tutoie. Remarque cela ne m'ennuie pas.

S'agissant de QI, merci de me ranger chez les boeufs à 110/120. Merde, j'aurais préféré un peu plus tout de même. Mais finalement peut être que je n'ai que 100, la moyenne.

Je comprends ce que tu évoques et pourtant je ne suis pas d'accord. Je ne te parle pas de galériens ni de fainéants mais simplement de gens, plus jeunes que toi et moi, pour qui les premières années de travail ont été synonymes de désabusement.

Pense donc qu'on a su créer le CEA à partir de rien mais qu'aujourd'hui, il est devenu compliqué de réaliser des lignes de métro en banlieue parisienne.

Nous sommes des dinosaures René.

Confraternellement

PS : si un jour tu es sur Paris, loin du 93, je serai ravi d'en discuter de vive voix.

26/2/18 8:30 PM  
Blogger KevinM said...

Je pense que je vais me contenter de vivre alors(même si c'est pas toujours facile U_U et qu'il n'y a pas de sauvegarde :D )
Parce que bon au final un test de qi ça coute assez cher pour peux d’intérêt(à part un bout de papier sur lequel est inscrit un chiffre) d’ailleurs petite anecdote,quand j'étais au lycée des types parlé du qi qu'ils avaient obtenu en résultat d'un test ,et au fils de la discussion ils en été venu au prix,300€(bon après ça doit dépendre du lieux) j'avais été étonné d'un prix aussi élevé je m'étais même dis qu'au final on passait le test au moment du paiement par carte bleue HAHA

enfin bref du coup vu que le prix semble élevé je préfère garder cet argent pour autre chose qui me fournira surement plus de plaisir,et puis de tte façon je sais déjà que je suis loin d'être con et que mon qi est très probablement au dessus de 100 donc bon :)

28/2/18 5:57 PM  
Blogger cmosorchestra said...

Pensez-vous qu'Henri Virlogeux était plutôt THQI ou simplement HQI?
Au plaisir de vous lire très vite.

25/4/18 12:51 AM  

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